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Orléans, 16 et 17 novembre 2021

Personnalité marquante de l’élite bourgeoise et intellectuelle orléanaise du XVIIIe siècle, Guillaume-François Le Trosne (1728-1780) n’a ni visage ni biographe, alors qu’il est pourtant l’auteur d’une œuvre assez étendue et qu’il fut un physiocrate éminent. Sans être ignoré, il a été peu étudié. Le nouvel intérêt que l’on porte aujourd’hui à la pensée juridique et économique des Lumières invite à combler cette lacune. Après la récente réédition savante de quelques-uns des travaux de Le Trosne (Les Lois naturelles de l’ordre social, Slatkine, 2019), l’idée d’organiser un colloque à Orléans pour mieux connaître l’homme, son rôle et ses idées s’est naturellement imposée.

On sait en effet relativement peu de choses sur ce fils d’un conseiller et secrétaire du roi, magistrat au bailliage et au présidial d’Orléans, et petit-fils, par sa mère, d’un riche marchand bourgeois de la ville, Louis Arnault de Nobleville, propriétaire d’une raffinerie de sucre. Après de brillantes études de droit à l’université, Le Trosne embrasse à son tour la carrière de magistrat. Il occupe pendant plus d’une vingtaine d’années la charge d’avocat du roi au présidial d’Orléans. Notable local, il est aussi apparenté à la bourgeoisie parisienne après son mariage avec Élisabeth Goulliart dont le père est lié à plusieurs grandes familles de marchands et dont la sœur cadette est la femme d’Augustin Jourdain, trésorier de France.

Tout au long de sa vie, il marque un intérêt certain pour les sujets relevant du droit criminel, du droit naturel, du droit des gens, du droit féodal ou encore du droit fiscal. La fréquentation assidue de l’école des physiocrates, qualifiée de « secte des économistes », dès le début des années 1760, le conduit également à explorer d’autres thématiques qui donnent lieu à des publications sous forme d’articles et d’ouvrages. Certains sont en lien avec l’économie et concernent notamment la liberté du commerce des grains, la valeur, la balance du commerce ou encore la dette publique, tandis que d’autres font écho à la réforme administrative du royaume qui occupe grandement les esprits dans la deuxième moitié du siècle des Lumières, ou bien encore aux troubles endémiques provoqués par le vagabondage et la mendicité.

On cherchera notamment à savoir ce qui détermina très tôt un jeune bourgeois de province d’une famille aisée et bien établie, un proche collaborateur du très conservateur Pothier, à défendre avec force la liberté du commerce des grains en bravant l’hostilité d’une partie de son milieu social et le blâme de l’intendant Cypierre. Membre fondateur le plus influent de l’académie royale d’agriculture d’Orléans, en 1761, et animateur de ce que Georges Weulersse a appelé l’« École d’Orléans » de la physiocratie, Le Trosne fut-il bien plus que cela et dans quelle proportion contribua-t-il à donner un tour de doctrine aux idées de Quesnay et de ses disciples ? En quoi la pensée de Le Trosne fut-elle originale, quel rôle joua-t-il dans les grands débats de son époque et eut-il une part dans le développement de la science économique ? Peut-on mesurer quelle fut exactement l’audience nationale, voire internationale, de Le Trosne, auteur de nombreuses publications, d’articles dans la presse spécialisée du temps, comme La Gazette de commerce ou Les Éphémérides du citoyen, et correspondant de plusieurs académies, et non des moindres, comme celles de Berne, de Caen, ou bien encore celle de Toulouse qui le récompensa pour son ouvrage important De l’administration provinciale et de la réforme de l’impôt ? C’est à ces questions et à plusieurs autres que, au cours de cette rencontre inédite, des juristes, des économistes et des historiens, en croisant des points de vue différents, s’efforceront de répondre pour rendre à l’action et à l’œuvre de Guillaume-François Le Trosne toute leur importance.

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